Sujets plus en détail

Par ordre alphabétique

 

 

 

1942 (?) – 1944 :
Barbelés le long de la frontière vers Arve et Salève

Durant la Seconde Guerre mondiale des obstacles divers ont été posés le long de la frontière entre le canton de Genève – beaucoup du côté de la Haute-Savoie – et la France afin d’empêcher le franchissement par les civils dans le sens suisse d’abord. Ensuite, quelque temps après la fin de la guerre vers la France pour les Juifs désirant rejoindre la Palestine grâce notamment à l’aide de cheminots de la SNCF, soit à proximité immédite de Veyrier.

Pourraient partiellement faire exception à ce principe des barbelés de nature militaro-défensive dans la région du Grand-Saconnex, de Collex-Bossy et de Versoix en raison de la proximité de la « Ligne de la Versoix » https://www.geneverando.ch/fr/circuit_fortins comme position avancée de la Ligne de la Promenthouse ainsi que permettre l’embarquement (train et bateau) des troupes helvétiques stationnées ou au repos à Genève.

Pour la région de Veyrier les choses sont très peu documentées : dates exactes de pose(s) et d’enlèvement(s), par qui, configuration exacte du dispositif à certains endroits, illustrations et plans. A relever que cette zone n’aurait été effectivement défendue que de septembre 1939 à l’été 1940 environ comme du reste une grande partie du canton de Genève.

De plus les modifications du paysage depuis plus de quatre-vingts ans rendent difficiles les recherches sur le terrain ainsi qu’imaginer les lieux à l’époque.

Les mises en place l’ont été probablement à l’instigation de plusieurs acteurs : territoriaux, compagnies de surveillance et gardes-frontières suisses ; peut-être police ou douane françaises ; occupants allemands, italiens puis à nouveau allemands.

Les principaux usager forcés dans un sens ou un autre ont été : réfugiés en particulier enfants et adultes juifs ; aviateurs alliés évadés ; résistants ; membres de services de renseignement y compris helvétiques ; contrebandiers ; passeurs plus ou moins bien intentionnés ; quelques célébrités. A mentionner que les nombreux postes de douane et leurs abords immédiats ont souvent été – de jour comme de nuit – des maillons faibles mais tout au bénéfice des clandestins.

De rares témoins photographiques sur Genève sont présentés sous www.zigzag-veyrier-etrembieres.ch/annexes/ dont entre autres à Chancy et à Bardonnex [Source : Le Brécaillon No 40 – 2020 – Musée militaire genevois via le Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève].

 

Différentes photos montrent : piquets bas pour barbelés ; réseau simple, double ou triple ; dispositif présent sur Suisse et/ou sur France ; implantation parallèle ou à une certaine distance avec alors un no man’s land ; grillage ; barrières en hauteur ; portail. En théorie il était strictement interdit de faire des croquis et des photographies de tout ce qui concernait de près ou de loin l’armée !

 

 

Vers l’Arve :

Le réseau, pour sa partie française, au moins double avec des piquets en fer et non pas en bois, de faible hauteur, partant à proximité de Sierne pour strictement longer les bornes-frontières pour arriver, en passant par la borne 88, jusqu’au cimetière juif majoritairement sur France et fermé par des barbellés qu’en septembre 1943. On peut penser ensuite à une continuation presque jusqu’aux postes de douane suisse (Veyrier 1) et français. Des vestiges [photo de l’auteur] donnent une idée générale de ce qui a été la situation aux frontières confédérales, donc a fortiori genevoises.

Sur les bas de Veyrier on peut en outre découvrir de rares supports sur des murs au chemin de l’Arvaz et face également au cimentière israélite, en supposant que les Suisses les aient posés s’agissant d’une zone militaire. Par conséquent il y aurait pu y avoir un espace de prés et de vignes entre les installations suisse et française.

 

Parallèlement au Salève et de manière simplifiée :

De la douane de Veyrier 1 en direction de St-Julien le long de l’actuelle départementale la présence de plusieurs murs et éventuellement un barbelé sur leur partie supérieure. L’une ou l’autre porte aurait par ailleurs servi à des refoulements.
Ensuite à proximité de la douane de Veyrier 2 des barbelés avec des piquets bas (réseau en principe double) ; lieu de passage important à partir du bistrot français « Chez La Marthe » avec une vue de face sur ledit poste.
Sur les terrains des Marais et juste avant des poteaux en bois d’une certaine hauteur avec du barbelé et des portails dédiés probablement aux maraîchers et aux paysans : ce type de configuration, souvent en bois, aurait-il pu être posé par les Suisses comme du reste dans d’autres points sur le Canton ? Malheureusement seule cette photo d’époque (Veyrier voire plutôt Troinex) est en mains de La Mémoire de Veyrier !
A proximité de Collonges-sous-Salève du grillage (français ?) et du barbelé bas (suisse ?).

Ainsi La Mémoire de Veyrier est bien évidemment à la recherche de toute information historique sur cette période 39 – 45 pour apporter de meilleures réponses mais également sur tout le passé veyrite en général. Grand merci par avance celles et ceux qui en posséderaient encore !

Benedikt Cordt-Møller
Membre du comité de La Mémoire de Veyrier et animateur du site Zig-Zag Veyrier-Étrembières.

Château de Crevin et la libération de Bossey

[texte de Pierre Bosson – 06.06.2020]

Le mercredi 16 août 1944, des éléments appartenant à la 1ère compagnie de l’Armée Secrète (A.S.) commandée par Marcel Fivel-Demoret alias lieutenant Claude, prennent position à l’aube autour du château de Crevin où était stationné un détachement de douaniers allemands.

Après des échanges de feux nourris, les maquisards reçoivent l’ordre de regagner Saint-Julien pour arrêter la progression d’une colonne allemande de secours qui a franchi le Rhône au Pont Carnot et qui se dirige sur Valleiry. Pour éviter un combat meurtrier, le lieutenant Claude négocie le départ de la garnison du château contre son passage en Suisse.

Les douaniers, constatant la levée du siège et considérant que l’évolution de la situation militaire ne leur était pas favorable quoiqu’il advienne, profitent de la nuit pour quitter le château. Pour dissimuler leur mouvement, ils passent par les bois au pied du Salève.

Le village de Bossey était désert, les habitants s’étant réfugiés au café Franco-suisse en territoire suisse.

Le 17 août à 1h30 du matin, vingt-cinq douaniers allemands arrivent au poste frontière de Troinex pour demander leur internement en Suisse ce qui leur est accordé.

C’est ainsi que Bossey a été libéré et que le château de Crevin échappa à une probable destruction si l’affrontement avait perduré.

Ces événements firent deux morts, un Français, Jean Eusébio tué par l’Allemand qu’il avait abattu..

Douane du Pas de l’Echelle le 16 août 1944

[texte de Pierre Bosson -06.06.2020]

Cette photo a été prise devant la douane française du Pas de l’Echelle aujourd’hui démolie. Elle était située sur l’emplacement de l’actuel bureau au bord de la route nationale. Le photographe se trouvait sur la route face à la douane et à la Suisse.

Il s’agit d’une section de l’Armée Secrète (A.S.) appartenant au groupe « France d’abord » qui avait pour mission de se positionner dans la descente du Pas de l’Echelle sous le Bois-Salève en vue de s’opposer à une éventuelle arrivée de renforts allemands venant d’Annemasse pour dégager le château de Crevin attaqué par la Résistance.

On distingue sur la photo de gauche à droite : Louis Annessi – Henri Chavaz venu accueillir les maquisards – Georges … – Louis Montel chef de section – Albert Cons – Max Reyrolles – René Chatenoud – le douanier Dijoud et René Dielenseger.

On remarque que ces hommes sont équipés d’armes légères sans aucun doute inadaptées à leur mission. Finalement, les Allemands restèrent à Annemasse, retranchés dans l’Hôtel Pax. La ville sera libérée par les Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.) le 18 août.

Exutoire (le « trou »)

[texte de Pierre Bosson – 29.03.2020 / 17.04.2020]

Dans le domaine de l’eau mais cette fois concernant le « trou » en amont de l’Arve, il s’agit de l’exutoire en France du collecteur principal des eaux pluviales provenant du village de Veyrier.

Il y a quelques mois, les autorités françaises sont intervenues auprès de leurs homologues genevois car les rejets n’étaient pas conformes. On relevait régulièrement la présence d’eaux usées provenant de réseaux unitaires ou de séparatifs branchés à tort sur ce collecteur.

En réponse aux sollicitations françaises de mise aux normes, des travaux sont en cours pour dévier le collecteur vers un déversoir dans l’Arve qui restera en France. Cet investissement est probablement justifié par la vétusté du tuyau mais surtout par l’intérêt d’un rejet direct dans la rivière pour ses capacités de dilution.

Il faut aussi espérer que le remblaiement de l’impressionnante tranchée réalisée dans les champs ne dénaturera pas le paysage et qu’il ne s’agit pas de créer une voie dédiée à la maintenance du réseau.

Prise d’eau des moulins de Sierne

[texte de Pierre Bosson – 29.03.2020]

« Elle se situe au niveau de la borne n° 97. Elle alimentait un canal d’arrivée construit en 1794 par deux entrepreneurs de Chêne, Jacques Brun et Pierre Paul [Histoire d’un hameau genevois – Sierne à travers les siècles – Corinne Walker – Georg Editeur – 2009].

Parmi les dispositions prises lors du traité de Turin du 16 mars 1816 pour déterminer la frontière du nouveau canton de Genève, il est précisé que la limite (borne n° 97) sera marquée à deux toises [une toise de Savoie = 2,174 mètres] au-dessus de la prise d’eau. En la situant ainsi sur le territoire du canton, l’alimentation des ouvrages était garantie. A contrario, le cours du Foron est resté en totalité en Piémont-Sardaigne pour garantir l’alimentation en eau des nombreux moulins situés en rive gauche de la rivière. »